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Gaz de schiste: et maintenant?

Publié le par Greenpeace ville de Québec

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis le 28 février dernier, date du dépôt par le BAPE du rapport sur le gaz de schiste. Aujourd’hui encore, l’avenir de cette nouvelle filière énergétique reste bien incertain au Québec en regard de la mobilisation citoyenne que cette invasion des gazières a suscitée, et ce, malgré les quelques opérations de relations publiques entreprises par le gouvernement et l’industrie pour calmer les inquiétudes des citoyens.

 

Eric Darier

18 juin: appel à la résistance!

 

Le 18 juin dernier, plus de 10 000 citoyens ont manifesté dans les rues de Montréal. Une mobilisation sans précédent concernant une question environnementale et qui est révélatrice du malaise ambiant. Un malaise bien légitime vu les contradictions dont fait preuve le gouvernement sur la question des gaz de schiste.

À cause de l'ambiguïté entretenue par le gouvernement Charest sur ce dossier, la marche du 18 juin, coordonnée par l'AQLPA, aura réussi à rassembler bien des profils allant des comités citoyens de la vallée du Saint-Laurent aux groupes écologistes comme Greenpeace, en passant par des syndicalistes, les élus municipaux, quelques personnalités politiques (comme la chef de l'Opposition officielle et le député Amir Khadir de Québec Solidaire) et du monde du spectacle. Il ne faut bien sûr pas oublier les participants à la marche « Moratoire d'une génération » qui, partis de Rimouski, arrivaient justement à Montréal le 18 juin. Merci donc au gouvernement d'avoir réussi le pari d'unir ce mouvement disparate!

Des intérêts contradictoires

Mais comment en est-on arrivé là? Faisons un bref retour en arrière.

La décision du gouvernement Charest de laisser les compagnies gazières explorer le sous-sol québécois a enflammé de nombreux citoyens l'été passé alors que les foreuses débarquaient déjà dans nos campagnes. La grogne et la forte mobilisation ont forcé le ministre de l'Environnement, M. Pierre Arcand, à décréter la tenue d'une consultation publique (BAPE) à la fin de l'automne 2010. Malgré les obstacles imposés au BAPE et aux citoyens, un nombre record de mémoires ont été présentés. La sortie du documentaire américain Gasland X sur la situation de l'exploitation du gaz de schiste aux États-Unis a sans doute contribué à la montée de ce mouvement spontané et est venue confirmer les craintes de nombreux citoyens.

Le rapport (PDF) du BAPE, remis au ministre Arcand en février dernier, confirmait une évidence: celle du manque d'information et d'étude scientifique pour aller de l'avant avec l'exploration du gaz de schiste au Québec! Le BAPE recommandait donc la tenue d'une étude environnementale stratégique (EES). Prenant conscience que ce rapport n'allait pas du tout dans la direction voulue par l'industrie gazière et lui-même, le gouvernement Charest annonce bien la mise sur pied d'une EES, mais tarde à en préciser les détails, espérant ainsi désamorcer la résistance citoyenne. Pendant ce temps, l'industrie gazière organisait l'offensive en recrutant Lucien Bouchard à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec. Aux États-Unis, la compagnie Talisman Energy, celle qui rémunère l'ancien premier ministre pour son travail de lobbyisme va même jusqu'à faire de la propagande auprès des enfants.

Mais les opposants ne restent pas inactifs! Un groupe de 150 scientifiques forment un Collectif scientifique, des manifestations et des soirées d'information continuent à avoir lieu localement et la grande marche de « Moratoire d'une génération » débute à Rimouski à la mi-mai.

Le gouvernement Charest finit par annoncer, fin mai, la composition et le mandat de l'évaluation environnementale stratégique (EES): sur les onze experts censés conduire cette évaluation, huit sont en fait des partisans ou des promoteurs du gaz de schiste! De plus, ils n'examineront même pas les alternatives au gaz de schiste! Il n'en fallait pas moins pour embraser de nouveau l'opinion publique. Vous pouvez lire la réaction très posée du Collectif scientifique : « L'évaluation environnementale stratégique: rigueur ou imposture? ». Les 10 000 à 15 000 manifestants du 18 juin symbolisent quant à eux l'ampleur du raz le bol.

Vers la désobéissance civile non-violente

Même s'il est malheureux d'avoir à poser des actes de désobéissance civile pour se faire entendre par celles et ceux qui sont supposés défendre les intérêts collectifs plutôt que les intérêts de quelques entreprises influentes, il est parfois nécessaire de le faire.

Face à l'aveuglement et à l'esprit borné de notre gouvernement, de plus en plus de citoyens ont pris conscience de cet état de fait. C'est d'ailleurs la volonté de la coalition « Moratoire pour une génération » qui se prépare activement.

Il ne tient qu'à nous de leur emboiter le pas et de répondre à l'appel à la résistance qui nous été lancé le 18 juin. Ensemble, et de façon pacifique, repoussons l'invasion des gazières! Redevenons maître chez nous!

Par Éric Darier, Ph.D., Directeur de Greenpeace au Québec, 4 juillet 2011
 

Publié dans Gaz de schiste

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