Amiante chrysotile : le Canada n'est plus isolé

Publié le par Greenpeace ville de Québec

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Le Canada a continué jeudi à Genève sa croisade contre l'inclusion de l'amiante chrysotile dans la liste des substances dangereuses de la Convention de Rotterdam.

L'ONU a confirmé que le Canada avait réitéré son opposition en assemblée plénière d'une rencontre internationale. Le gouvernement canadien a ainsi répété qu'il s'opposait à l'inclusion de l'amiante chrysotile dans la liste des substances dangereuses de la Convention de Rotterdam, un traité des Nations unies signé en 2004.

Mais nouveau revirement, jeudi : parmi les 100 pays réunis au sommet, le Canada ne fait plus cavalier seul sur la question. Le Kazakhstan et l'Ukraine, qui s'étaient d'abord opposés à l'inclusion de l'amiante sur cette liste avant de changer leur fusil d'épaule mercredi, sont de nouveau revenus sur leur position jeudi. Ils souhaitent donc désormais bloquer l'ajout du minerai sur la liste, tout comme le Canada.

Si l'amiante chrysotile était inclus dans l'Annexe III de la convention, les pays exportateurs seraient contraints d'informer les importateurs de ses dangers sur la santé. Des pays pourraient alors refuser d'acheter de l'amiante dans la mesure où ils ne pourraient pas l'utiliser de manière sécuritaire.

L'amiante fait l'objet d'une réglementation stricte au Canada, si bien qu'il est pratiquement banni. Les contribuables paient des dizaines de millions de dollars pour qu'il soit retiré des établissements publics, dont l'édifice du Parlement et la résidence officielle du premier ministre.

Le Canada s'est déjà opposé deux fois à l'inclusion de l'amiante dans la liste des substances dangereuses de la Convention de Rotterdam, dont les décisions doivent faire consensus.

Jusqu'à mercredi, il semblait que la stratégie du Canada allait se résumer à s'abstenir de prendre position en comptant sur l'opposition des autres pays pour bloquer l'amendement. Le Vietnam, le Kazakhstan et le Kirghizistan s'opposaient également à inclure l'amiante dans la liste. Mais mercredi, ils ont tous changé leur fusil d'épaule après que l'Inde eut annoncé soutenir la proposition.

Le Canada était alors devenu la seule délégation à s'opposer à l'inclusion de l'amiante, jusqu'à ce que le vent tourne de nouveau jeudi.

Dans un communiqué, le Parti vert du Canada s'est insurgé contre la position du gouvernement conservateur à Genève, rappelant que la presse étrangère avait qualifié le pays de « paria », « voyou », « sans principe » et « hypocrite ».

« En fait, le gouvernement nous dit qu'il se contrefiche de la santé des gens des autres pays, du moment que nous pouvons continuer de dégager des profits et servir les intérêts politiques du gouvernement », s'est désolée la chef du parti, Elizabeth May.

À la Chambre des communes, les attaques des partis de l'opposition à l'endroit des conservateurs ont été mordantes. Le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, a dû défendre la position du Canada.

« Nous savons que l'amiante chrysotile peut être utilisé de manière sécuritaire dans un environnement protégé », a-t-il martelé.

M. Paradis est originaire de Thetford Mines, royaume de l'industrie canadienne de l'amiante, qui est estimée à 90 millions de dollars.

Des rapports publics du Commissaire au lobbying indiquent également que l'Institut du chrysotile, basé à Montréal, a exercé des pressions à quatre reprises l'an dernier auprès de Marc Toupin, qui était adjoint de M. Paradis, alors ministre des Ressources naturelles.

De son côté, le gouvernement du Québec a fait savoir par voie de communiqué, jeudi soir, qu'il accueillait avec satisfaction la prise de position du gouvernement du Canada contre l'inscription de l'amiante chrysotile à la liste des produits à risque pour la santé et l'environnement établie par la Convention de Rotterdam.

Selon le communiqué provenant du cabinet du ministre délégué aux Ressources naturelles et à la Faune, Serge Simard, le gouvernement du Canada a tenu compte de la position du Québec.

« La position du gouvernement du Québec en la matière est de soutenir et de promouvoir l'utilisation sécuritaire de l'amiante chrysotile, conformément aux principes de la Convention 162 et de la Recommandation 172 de l'Organisation internationale du travail », ont précisé la ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Francophonie, Monique Gagnon-Tremblay, et le ministre Simard.

Le sommet de quatre jours à Genève doit se terminer vendredi.

La Presse Canadienne

 

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/06/23/014-amiante-canada-soutien-pays.shtml

 

 

Publié dans Amiante

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